Crédit photo: Jean-Sébastien Veilleux
Refugium – Thomas Bégin
Survivre à son repos | Art technologique
16 au 20 août 2016 – Saint-André-de-Kamouraska, Saint-Gabriel-Lalemant, La Pocatière
« Depuis un bout déjà, je travaille sur la notion de technologie et l’idée de progrès. En fait, je m’intéresse à la manière dont les outils et les machines évoluent : d’où ils viennent, comment ils ont été inventés, comment ils fonctionnent, quels ont été leurs différents stades d’évolution… Je suis en train de réaliser un robot téléguidé, une sorte de drone pour faire du shopping. Un drone domestique pour ne plus avoir à sortir de chez soi. »
Biographie de l’artiste
Artiste polyvalent, Thomas Bégin crée des dispositifs sonores qui mettent en scène leur propre technologie productrice de sons. Ses machines, réactivées ou manipulées par des composantes numériques, déclinent des glissements, des grincements et des pincements issus de la structure même des instruments qu’il assemble dans la perspective d’en épuiser toutes les possibilités sonores. Son travail a été présenté à travers le Canada et en Europe. Au Québec, il a participé à différents évènements dont La Manif d’art, Byte by Byte à la Fonderie Darling et Fabriquer l’improbable à Est-Nord-Est résidence d’artistes (Saint-Jean-Port-Joli).
Déroulement des activités
Thomas Bégin fabrique des machines. Il crée des dispositifs complexes à composantes multiples, bardés d’effets sonores en provenance de la structure même. Dans le Kamouraska, Bégin voyage avec un chariot d’épicerie muni d’un bras articulé. Le chariot est programmé pour accomplir des tâches domestiques et se contrôle à distance à l’aide d’un ordinateur et d’une manette. Il peut, entre autres choses, cuire des saucisses au barbecue ou entretenir la pelouse à l’aide d’un taille-bordures. Il reproduit mécaniquement des activités saisonnières conditionnées par l’ordinaire de notre quotidien. Il renvoie à la cour arrière, à la terrasse ou au patio, extensions du confort au foyer. En tant qu’objet emblématique de notre société de production et d’hyperconsommation, il serait tout désigné pour faire les courses à notre place. Mais ce que nous propose Bégin est un peu différent.
L’ironie et la vacuité qui se dégagent des tâches robotisées conduisent, au fil des manœuvres, à un processus de limitation de productivité. Soumis aux diverses conditions de manipulation sur le terrain et aux aléas technologiques de ses multiples composantes, le système subit des ratés et doit composer avec une capacité d’intervention limitée. Cette forme d’énergie qui se révèle par ses manques mime, à échelle réduite, la défaillance des « systèmes technologiques de grande échelle […] forcément complexes, interconnectés et constitués de multiples sous-systèmes » . L’exemple du chariot qui s’abîme dans des tâches anodines rappelle, par le renversement de son efficacité, l’incongruité de grands systèmes d’affaires mis à mal par leur environnement même. Une manière de se faire couper l’herbe sous le pied.
Art technologique : c’est une manière d’aborder la création d’œuvres au moyen des outils numériques, en passant par l’ordinateur, à partir de la recherche et de l’expérimentation. Il en résulte des projets novateurs et multiformes qui présentent et questionnent les enjeux actuels de l’ère numérique.
Crédit photo: Jean-Sébastien Veilleux